Le tourisme est considéré comme secteur stratégique par la Chine et celle-ci décide de ne pas lésiner sur les moyens pour investir dedans, notamment dans l’industrie du voyage en France.

La tendance actuelle est claire en Chine : les consommateurs Chinois aiment voyager. En effet, 120 millions d’entre eux parcourent le monde chaque année et leur nombre devrait continuer à croître de 20% par an d’ici à 2020. Le secteur touristique en est même passé une priorité stratégique lors du dernier plan quinquennal de Pékin. C’est ainsi que les investisseurs chinois investissent en masse dans tous les maillons de la chaîne touristique, qu’il s’agisse des aéroports, des compagnies aériennes, des hôtels, des voyagistes ou des parcs d’attractions. Les majeurs investisseurs peuvent être proches d’institutions, telles que Jin Jiang (groupe contrôlé par la mairie de Shanghai) et HNA (province de Hainan), ou cotés en Bourse comme Fosun. (Lire aussi Ces entreprises chinoises qui investissent dans le tourisme en France)

La Chine s’empare du marché touristique français

_53713431_demo.closer-jpg

Aujourd’hui, les investissements chinois dans le secteur de l’hôtellerie française dépassent les 7 milliards de dollars, ce qui représente une hausse de 40% par rapport à 2015. Les trois acteurs majeurs de ces actions : Fosun avec Club Med, HNA et Pierre & Vacances et Jin Jiang, acquisiteur de Louvre Hotels. Jin Jiang tente actuellement un rapprochement avec AccorHotels dont il possède déjà 15% du capital français, et souhaiterait racheter les fonds Eurazeo et Colony qui représentent à eux deux 11% du capital.

Une stratégie qui avance prudemment mais certainement

Bien que leur appétit soit extrêmement développé, les Chinois restent prudents dans leurs actions. Ils choisissent de signer des joint-ventures amicales ou de se contenter d’une part au capital comme mode d’entrée sur le marché français. C’est ainsi qu’en 2011, par un accord autour de l’enseigne Campanile, que Jin Jiang et Louvre Hotels ont débuté. L’an dernier, Jin Jiang a finalement conclu l’acquisition de Louvre Hotels, pour un montant s’élevant à 1,3 milliards de dollars. Il y a aussi comme autre exemple, la Compagnie des Alpes sur le point de subir une acquisition partielle de Fosun de 10 à 15%, dans un premier temps.

club-med

Cette tactique d’entrée est loin de refléter le réel potentiel financier des Chinois. En 2015, Fosun a déboursé près de 1 milliard d’euros pour l’acquisition de Club Med, après l’OPA la plus longue de l’histoire de la place de Paris, face à l’Italien Bonomi. La somme de 308 milliards d’euros proposée par un consortium chinois pour l’aéroport de Toulouse-Blagnac était difficile à refuser de la part de l’Etat. Certains expliquent cet engouement par leur vision à long terme et les attentes différentes qu’ils ont en matière de retour sur investissements. D’autres diront que leur objectif principal s’inscrit dans une perspective de fuite de capitaux, pour échapper au contrôle du Parti.

De nouveaux investisseurs mais une direction intacte

concept-franais-chinois-de-coopration-29595741

Une fois les mains sur le groupe d’entreprises en question les Chinois ne gardent tout de même les mêmes structures de management et changent rarement d’équipes de direction. En effet, celles-ci connaissent déjà l’entreprise et sont sûrement les plus à même de la faire grandir, elles sont d’un énorme soutien pour les investisseurs chinois. Pierre-Frédéric Roulot, patron de Louvre Hotels, atteste être plus autonome qu’avec son ancien actionnaire Starwood, notamment avec la ligne de crédit de 2,5 milliards d’euros débloquée l’an dernier pour ses projets. Pour Henri Giscard d’Estaing au Club Med, c’est 300 millions d’euros qui seront investis dans le développement de l’activité, plus particulièrement celle des stations de ski françaises, durant les cinq prochaines années.

L’engouement des Chinois pour le secteur touristique français n’est pas près de s’arrêter. Si Jin Jiang en vient à s’emparer d’AccorHotels (Ibis, Mercure etc.), il détiendra avec Louvre Hotels, les deux premiers groupes hôteliers européens et donc une forte position sur le segment économique. Même le gouvernement n’aura plus aucun moyen de pression, puisque le tourisme en France n’est pas considéré comme stratégique, à la différence du secteur de l’armement ou du nucléaire. Ce qui est une opportunité pour les Chinois qui eux le considèrent comme tel. (Lire aussi Comment la Chine organise une razzia sur le tourisme français)

Olivier VEROT

D’autres articles à ce sujet

  1. Tous les géants du tourisme Français se tournent vers la Chine
  2. 5 points clés pour satisfaire les touristes chinois à l’étranger
  3. La Chine et l’argentine : une collaboration commence
  4. Le Top 10 des sites dans le etourisme chinois 
  5. Ces sociétés chinoises qui investissent en france
  6. Le comportement des touristes chinois

Besoin de développer une stratégie digitale dans le secteur du tourisme ? Nous pouvons vous aider. Contactez-nous ici. Voir une de nos études de cas : AigueMarine